« L’équitation éthologique, ou l’art de faire corps avec son cheval »

« Discipline de plus en plus en vogue, l’équitation éthologique propose une conception douce du dressage, dans le respect de l’animal et la confiance mutuelle. »

Si Le Monde en parle, c’est que l’éthologie équestre est bien devenue un phénomène.

Comme tout phénomène, sa vulgarisation fait mal. De qui parle-t-on dans cet article ? Du centre de La Cense, immense complexe (sise dans la très belle région de mon adolescence) au service de la formation aux savoirs éthologiques et autres BP, BE, etc… Un engouement qui, je le dis souvent, a fait énormément de bien à l’équitation et au cheval en général. Mais…

Qu’oublie-t-on de dire ? Ce que tout le monde sait. Déjà, le terme est mal usité : L’éthologie désigne l’étude scientifique du comportement des espèces animales, incluant l’humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental, à travers des méthodes biologiques précises d’observation et de quantification des comportements animaux. L’éthologie équestre désignerait donc les applications pratiques de ces principes et observations, dans un souci de travail raisonné du cheval. Sauf que…

Les formations généralistes et reconnues par l’état et la FFE (ce dont se targue La Cense, sans qu’ils n’oublient de faire mentionner au Monde qu’ils sont le « seul centre en France qui propose une formation initiale » = faux) ont elles aussi oublié d’enseigner quelque chose de fondamental. L’observation. Et pourtant…

C’est bien ce qui devrait-être au cœur de toute pratique d’éthologie appliquée avec le cheval. En effet, j’ai vu nombre de mes stagiaires, d’élèves formés « La Cense » qui excellaient dans les jeux que l’on y enseignent, qui a aucun moment n’observaient leur cheval, donc qui à aucun moment ne considéraient l’état de leur cheval, et qui de fait, passaient à côté de toute relation sincère possible. Ainsi, seul le résultat de la « figure » comptant, le cheval était soumis aux mêmes conditions de travail que celles que justement l’équitation éthologique, était censée (excusez le jeu de mot) balayer. Fort dommage…

Certes, je suis un de ces nombreux « Savoir 5 d’équitation éthologique », et un piètre cavalier, (préférant passer ma vie au sol sur sur les chevaux) mais pourtant, j’ai régulièrement à faire à des cavaliers Galop X, BFEE X ou de concours qui ne s’en sortent plus avec leurs chevaux, simplement parce qu’ils avaient « oublié » de les regarder. Et moi, simplement soucieux du comportement de chacun, de sortir ces grands cavaliers de cette impasse. Au passage, mes meilleurs enseignants furent des hommes et des femmes qui n’étaient pas labellisés par ni l’état, ni par la FFE, ou qui du moins s’en souciaient peu… et surtout d’autres, à 4 pattes, qu’on avait oublié de regarder et qui pourtant portaient tous les meilleurs enseignements en eux.

Je prends rarement ma plume car les jeux d’écoles et de polémique dans le monde de l’équitation ne m’intéressent absolument pas – mais j’exprime ici un vœux = que cette belle nouvelle pratique de l’équitation ne passe pas à côté de son objet : renforcer la compréhension entre l’homme et le cheval, aller vers plus de sécurité, favoriser le bien-être du cheval et optimiser la relation entre le cavalier et sa monture.

Lire l’article du Monde ici : http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/01/06/l-equitation-ethologique-ou-l-art-de-faire-corps-avec-son-cheval_5238240_4401467.html?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook